• Motifs de la grève du 17 juin - Lettre ouverte

    Madame, Monsieur,

    Depuis les premières informations concernant la réforme du lycée d'une part, celle réorganisant le baccalauréat d'autre part, nous n'avons cessé de vous alerter sur les inquiétudes suscitées par les textes successifs, savamment distillés par les services du ministère de l'Education Nationale et de la Jeunesse.

    Pour mémoire on peut rappeler :

    - que ce sont les familles qui choisissent en fin d'année de Seconde et pour la filière générale les trois spécialités voulues par leur enfant, soutenus par l'injonction de M. Blanquer : « faites-vous plaisir ». En réalité le nombre de spécialités est limité dans chaque établissement. À Douarnenez nous ne pouvons proposer la spécialité Anglais autrement que par correspondance ! A nos interrogations on nous rétorque que si l'on veut cette spécialité en enseignement direct, il faut sacrifier la spécialité cinéma audiovisuel, pourtant constitutive de l'ADN de l'établissement.

    Lors des « formations » dispensées aux enseignants, on les informe sans ambages que les programmes et leur mise en œuvre découlent directement des attendus de l'enseignement supérieur et que les choix de fin de Seconde sont déterminants et donc très stratégiques, et ce dès l'âge de 16 ans ! Ajoutons que la circulaire du 7 mars 2019 indique clairement que les élèves déjà présents dans un établissement sont prioritaires. Autrement dit un élève souhaitant une spécialité « en tension » comme « sciences de l'ingénieur » , et venant de Douarnenez peut se voir refuser une place au lycée Thépot de Quimper qui dispense cet enseignement.

     

    Que penser alors des notions de choix et de plaisir ?

    - Parmi les spécialités les plus demandées à Douarnenez on trouve les mathématiques : 93 élèves ,soient trois groupes de 31 élèves aux niveaux très hétérogènes, et 70 élèves en SVT, soient deux groupes de 35 élèves, pour une matière expérimentale !

    De plus au total, c'est plus d'une trentaine de combinaisons de trois spécialités qui sont demandées au lycée, rendant extrêmement complexe (impossible?) l'organisation des emplois du temps.

    Ainsi les craintes concernant l'organisation s'ajoutent à l'orientation idéologiquement marquée des programmes (destruction des Sciences économiques et sociales, écrire le « nouveau roman national » en Histoire, présenter la mondialisation sans recul critique en géographie, absence d'écologie dans le tronc commun…), dans un contexte de réduction des moyens et donc de dégradation des conditions d'enseignement.

     

    Et qu'en est-il du nouveau baccalauréat ?

    Rappelons que désormais plus de 20 épreuves jalonnent le «  cycle terminal » (classes de Première et de Terminale)

    Les modalités d'épreuves sont également désormais connues. Par exemple une épreuve de 2 heures pour les élèves abandonnant une spécialité en fin de Première, mais avec un enseignement commun avec ceux qui gardent la spécialité en Terminale, la confirmation d'épreuves de deux heures également en janvier puis en avril de l'année de Première en plus du contrôle continu , bref, l'évaluation permanente, d'autant plus que l'Inspection générale suggère de « filer » les épreuves et non de les regrouper sur une semaine banalisée …

    Ajoutons que M. Blanquer ayant promis de comptabiliser les notes de spécialités de Terminale sur Parcoursup, les deux spécialités conservées en Terminale seront évaluées...en mars ! Soit environ 25 semaines d'enseignement pour des programmes initialement écrits pour 30 à 32 semaines.

    Ceci constitue un résumé très lacunaire, certes, de ce qui se prépare pour la rentrée prochaine. Il est cependant suffisamment édifiant pour expliquer la position des enseignants qui se mobilisent aujourd'hui.

    Notre objectif est d'alerter à nouveau sur l'impréparation, le manque de concertation et les incohérences des réformes du lycée et du baccalauréat, et ceci en faisant en sorte de ne pas perturber les élèves qui passent les épreuves du baccalauréat aujourd'hui.


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