• Selon un jugement du tribunal administratif de la Guadeloupe que « Le Monde » s’est procuré, l’université des Antilles doit communiquer le détail de ses critères de classement des candidats. Une première.

     

    Par Camille Stromboni

    Le Monde, Campus, le 06/02/2019

     

    Une première « victoire » sur le terrain juridique. C’est ainsi que l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), deuxième syndicat étudiant, salue la décision du tribunal administratif de la Guadeloupe, qui lui a été communiquée mardi 5 février.

    Saisi par l’organisation à la suite du refus de l’université des Antilles de rendre publics les algorithmes locaux utilisés pour classer les candidats, le juge administratif a tranché en sa faveur. Dans une décision que Le Monde a pu consulter, le tribunal enjoint à l’université d’obtempérer dans un délai d’un mois, sous astreinte de 100 euros par jour de retard. Elle devra communiquer « les procédés algorithmiques utilisés dans le cadre du traitement des candidatures d’entrée en licence via la plate-forme Parcoursup, ainsi que le ou les codes sources correspondants », peut-on lire dans ce jugement daté du 4 février.

    Cette première jurisprudence intervient alors qu’un bras de fer est engagé depuis de longs mois entre plusieurs opposants à la réforme Parcoursup – la nouvelle plate-forme d’admission postbac déployée en 2018 – et le ministère de l’enseignement supérieur, autour des critères mis en œuvre par chaque licence universitaire, utilisés pour classer les candidatures des lycéens après examen du dossier scolaire.

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    « Secret des délibérations »

    Si les lycéens peuvent avoir connaissance des « attendus » pour accéder aux formations (les prérequis) et au type de critères de sélection pris en compte (notes, lettre de motivation, CV, attestation extrascolaire…), le gouvernement a jusqu’ici placé sous le sceau du « secret des délibérations » les paramétrages décidés par chaque commission d’examen des vœux, malgré des demandes récurrentes, notamment de syndicats étudiants, de voir ces informations rendues publiques. Une position en faveur de la souveraineté des jurys défendue également par la conférence des présidents d’université.

    Le tribunal de Basse-Terre a décidé pour sa part d’écarter cet argument du « secret ». « Contrairement à ce que soutient l’université des Antilles, la communication à l’UNEF des traitements algorithmiques sollicités ne porte pas atteinte au secret des délibérations, protégé par l’article 612-3 du code de l’éducation, estime la juridiction administrative, puisque cette communication ne portera que sur la nature des critères pris en compte pour l’examen des candidatures, leur pondération et leur hiérarchisation, et non sur l’appréciation portée par la commission sur les mérites de chacune de ces candidatures. »

    Deux semaines plus tôt, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a déjà tranché en ce sens, en demandant au gouvernement de prendre les mesures nécessaires afin de rendre publiques toutes les informations relatives au traitement, y compris algorithmique, et à l’évaluation des dossiers des candidats par les commissions locales des établissements. « La plate-forme en tant que telle est extrêmement transparente », avait réagi la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal, sur France 2, le 22 janvier, en insistant sur le fait que « les critères d’analyse des dossiers sont en ligne ».

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    « Créer un contentieux de masse »

    « Les candidats ont le droit de connaître précisément comment ils sont sélectionnés : quels critères précis sont utilisés ? Comment sont-ils pondérés ? Comment sont-ils hiérarchisés ? », défend Mélanie Luce, qui va prendre dans quelques jours la présidence de l’UNEF. Elle espère de futures décisions de la justice administrative en ce sens si le ministère ne cède pas. Le syndicat étudiant a effectué quelque 70 recours devant les tribunaux administratifs contre les universités afin de « créer un contentieux de masse ».

    Le temps presse : depuis le 22 janvier, les centaines de milliers de lycéens de terminale et d’étudiants en réorientation peuvent s’inscrire et formuler leurs premiers vœux d’orientation sur Parcoursup pour la prochaine rentrée.

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    Pour l’organisation étudiante, cette transparence permettra aussi de savoir dans quelle mesure des éléments comme le lycée d’origine du candidat, ou sa série de baccalauréat, ont été pris en compte, alors que la première année de Parcoursup a été marquée par les accusations de discriminations portées par des lycéens de banlieue parisienne envers la plate-forme et sa sélection.

    En parallèle, le sénateur communiste des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias a lui aussi interpellé une vingtaine d’universités pour qu’elles rendent publics leurs algorithmes locaux. En vain. « Nous avons reçu des courriers types de refus, rédigés par la direction juridique du ministère, déplore le parlementaire. Il y a une forme d’obstruction qui est insupportable, dans un processus qui ne cesse d’être défendu par le gouvernement comme le plus transparent qui soit, alors qu’on nous refuse l’essentiel : comment se fait la sélection. »

     

    Source : https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/02/06/parcoursup-la-justice-enjoint-une-universite-a-publier-son-algorithme-de-tri_5419762_4401467.html

     

     

    Jugement du Tribunal 

    Parcoursup : la justice enjoint à une université de publier son algorithme de tri


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  • Source : https://twitter.com/katiasdg/status/1090975363956686848

     


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  • Extrait d'un article paru dans Les échos en ligne du 11/01/2019

     

    Un marché à saisir pour les startups

    Face à ces lacunes, coachs, associations et startups prennent le relais. Selon l'étude du Cnesco, 18% des jeunes ont eu recours à un coach en orientation.

    L’écosystème tech a vu de plus en plus de startups comme Diplomeo, Orienta ou encore Study Advisor se saisir de ce marché. La startup Pixis, lancé début 2017, a développé un assistant personnel de formation en ligne pour cerner ses centres d’intérêt, ses motivations, ses talents et ses compétences à travers des tests et des questionnaires. Elle propose aussi un service de coaching personnalisé, facturé 299 euros, pour trois séances ou 499 euros pour cinq séances.

    “Hello Charly”, née un an plus tôt, a elle développé un chatbot avec qui l’étudiant discute de ses envies par SMS ou sur Facebook. Le bot l’oriente ensuite vers des formations et des métiers. Et pour aller plus loin, il est possible de prendre rendez-vous avec un humain, un vrai, qui peut par exemple corriger un CV ou une lettre de motivation pour intégrer un stage ou une alternance.

    De son côté, l'association JobIRL présente à Paris, Toulouse, Nantes, Lyon et Marseille, a imaginé un “Linkedin des 14-25 ans” qui aide les étudiants à échanger avec les professionnels. Ils peuvent ainsi se confronter plus tôt à leur projet professionnel et commencer à se construire un réseau.

    Fortes inégalités

    Ces solutions parallèles, souvent payantes, freinent l’égalité des chances. Le fait de se tourner vers ses parents pour choisir son orientation est également source d’inégalités. Les deux tiers des cadres et professions intermédiaires font des recherches pour l’orientation de leurs enfants contre 41% des ouvriers et agriculteurs. “Le processus d’orientation présente toujours de fortes inégalités sociales et de genre se traduisant entre autres par des phénomènes d’autocensure”, analyse le Cnesco dans son étude.

    La question épineuse de l’orientation est revenue sur le devant de la scène avec la réouverture de Parcoursup en décembre dernier. La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé que des “points d’étapes” rythmeront la procédure afin de mieux accompagner les étudiants, qui pourront solliciter des rendez-vous avec les équipes pédagogiques de leur établissement ou des centres d'information et d'orientation (CIO).


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  • Quatre spécialistes ont répondu aux lecteurs sur la sélection des dossiers et la mobilité entre académies, lors d’un tchat organisé par « Le Monde ».


    Propos recueillis par Eric Nunès, Jessica Gourdon et Marine Miller, le 29 janvier 2019.


    La plate-forme Parcoursup, qui fonctionne en 2019 pour la deuxième année, permet de répartir et de sélectionner les candidats dans différentes formations postbac, publiques ou privées. Quelles sont ses logiques ? Comment répondre aux critères demandés ? Quelles sont les nouvelles règles de la mobilité entre académies ?
    Camille Stromboni, journaliste du Monde, Natacha Lefauconnier, journaliste indépendante spécialisée, Sylvie Boudrillet, conseillère d’orientation, et Dominique Pimont, conseillère psychologue de l’éducation nationale au centre d’information et d’orientation Mediacom ont répondu en direct aux questions des lecteurs lors d’un tchat organisé par Le Monde mercredi 23 janvier. Compte rendu.


    Minjeong : Quels sont les critères de sélection des dossiers ?

    Natacha Lefauconnier : Les critères de sélection des dossiers varient d’une formation à l’autre. Il est donc nécessaire d’aller consulter la fiche de chaque formation qui vous intéresse sur le site Parcoursup. Une fois que vous l’avez trouvée avec le moteur de recherche, cliquez sur chacun des onglets (caractéristiques, etc.). L’onglet « Examen du dossier » vous précisera quels éléments seront regardés attentivement dans votre dossier. Pour vous différencier (en dehors de vos notes et des appréciations de vos professeurs), vous pouvez peaufiner votre « projet de formation motivé » : expliquez pourquoi cette formation vous motive, montrez que votre profil correspond aux attendus (bonne moyenne dans la discipline principale, etc.), montrez en quoi cette formation correspond à votre projet professionnel (si vous en avez un).


    Savez-vous si ces critères seront publiés ?

    Camille Strombonk (Le Monde) : Les candidats ont, comme l’an dernier, accès aux « attendus » de chaque formation (les compétences et les prérequis) et aux « critères généraux d’appréciation des dossiers » (voir l’onglet « Examen du dossier » sur chaque formation), qui détaillent le plus souvent les pièces prises en compte dans l’examen du dossier (notes de premières, de terminale, fiche avenir, lettre de motivation, attestations extrascolaires, etc.).
    Pour le reste, la question de la transparence sur les modalités précises d’examen des dossiers (ordre de prise en compte des critères, hiérarchisation, poids dans la décision de la commission d’examen des dossiers, etc.) a fait l’objet de débats et d’un recours de certains élus (comme le sénateur communiste Pierre Ouzoulias) et syndicats étudiants et enseignants, devant le Défenseur des droits.
    Ce dernier vient d’émettre une décision demandant que ces informations soient rendues publiques. Reste à savoir si le gouvernement donnera suite à cette recommandation.


    Laurent : Comment Parcoursup tient-il compte du fait que certains lycées ont une notation plus stricte que d’autres ?

    C. S. : Cette année, comme en 2018, les formations ont accès au lycée d’origine. On ne peut pas savoir si elles vont tenir compte de ce dernier, ni « du fait que certains établissements ont une notation plus stricte que d’autres »… La question du lycée d’origine, et de sa prise en compte par les formations du supérieur dans le classement des dossiers des candidats, est particulièrement sensible.
     A la suite de craintes de discriminations venant l’an dernier de lycéens de Seine-Saint-Denis, notamment, la ministre de l’enseignement supérieur a annoncé que la question de l’anonymisation des dossiers était en réflexion. Le Défenseur des droits vient d’annoncer que la prise en compte de ce critère pouvait être assimilée à une « pratique discriminatoire » et demande une plus forte transparence sur le détail des critères appliqués par chaque formation.


    Source : Le Monde Campus, 29 janvier 2019, https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/01/29/parcoursup-2019-comprendre-les-mecanismesde- la-selection_5416009_4401467.html


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    Parcoursup, la plateforme d'inscription aux études supérieures a ouvert mardi 22 janvier. Votre inscription et l’enregistrement de vos vœux constituent la 1ère étape clé de la procédure.

    Des questions sur son fonctionnement ? Sur vos propres choix ? Mercredi 6 février (14h-15h30), des Psy-EN répondront en direct à toutes vos questions.

    Vous pouvez d'ores et déjà soumettre vos interrogations. Un second rendez vous est fixé au 15 février pour les candidats en situation de handicap.

     

    Source : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/01/28012019Article636842563104406322.aspx


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